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vendredi 7 mars 2014

La décolonisation et la construction de nouveaux Etats : l' Algérie


Au milieu du XXème siècle, les puissances coloniales, affaiblies par les guerres, se trouvent confrontées aux revendications d’indépendance des peuples colonisés.


Vocabulaire :
 
Décolonisation : Processus conduisant à l’indépendance des territoires colonisés par les puissances européennes.

Indépendance : Fait pour un pays colonisé de devenir un État souverain en rompant les liens de subordination avec la puissance coloniale.


FLN (Front de Libération Nationale) :
Mouvement crée en 1954 pour obtenir l’indépendance de l’Algérie qui est alors divisée en départements français.
Le FLN possède une armée, l’ALN (armée de libération nationale). Le FLN dans sa déclaration du 1er novembre 1954 invite le peuple algérien à participer à la lutte contre la « France coloniale ».


On date le début de la guerre d'Algérie avec les évènements de la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, qu'on appelle la Toussaint rouge, mais c'est oublier le massacre de Sétif qui a eu lieu le 8 mai 1945.

8 mais 1945 : Massacre de Sétif, Guelma et kherrata

Cette date correspond à la capitulation de l'Allemagne et à la libération française, mais aussi à la répression sanglante par les forces françaises envers les nationalistes algériens. Point de départ de cette répression: Des manifestations pacifistes sont organisées, un drapeau algérien est levé, le porteur du drapeau est abattu par la police. A partir de là, la manifestation dégénère, les européens tirent dans la foule. Les algériens ripostent et font 102 morts côté français, s'en suit une répression d'une extrême violence : le gouvernement français mobilise son armée, la police, la gendarmerie, les parachutistes ainsi que des miliciens recrutés pour l'occasion. On tue sans distinction hommes femmes et enfants. Bilan : des milliers de morts (l'armée américaine en dénombre 45 000, ce chiffre sera retenu par l'Algérie) . Il s'agit là d'un véritable crime colonial.
Ce massacre marque les prémices de la guerre d'Algérie qui démarrera véritablement le 1er novembre 1954 avec la Toussaint rouge.




Une de l'Echo d'Alger, le 7 novembre 1954
 Une publiée quelques jours après la Toussaint rouge. François Mitterrand est alors ministre de l'intérieur (IVème république). Le gouvernement annonce l'envoi de troupes pour "nettoyer" le territoire algérien.



Lettre de Paul Teigen, secrétaire général pour la police à Alger 

Le 20 août 1956, vous m'avez fait l'honneur d'agréer ma nomination au poste de secrétaire général de la préfecture d'Alger, chargé plus spécialement de la police générale.
 Depuis cette date, je me suis efforcé avec conviction, et à mon poste, de vous servir — et quelquefois de vous défendre — c'est-à-dire de servir, avec la République, l'avenir de l'Algérie française.
Depuis trois mois, avec la même conviction, et sans m'être jamais offert la liberté, vis-à-vis de qui que ce soit d'irresponsable, de faire connaître mes appréhensions ou mes indignations, je me suis efforcé dans la limite de mes fonctions, et par-delà l'action policière nouvelle menée par l'armée, de conserver — chaque fois que cela a été possible — ce que je crois être encore et malgré tout indispensable et seul efficace à long terme : le respect de la personne humaine.
J'ai aujourd'hui la ferme conviction d'avoir échoué et j'ai acquis l'intime certitude que depuis trois mois nous sommes engagés non pas dans l'illégalité — ce qui, dans le combat mené actuellement, est sans importance —mais dans l'anonymat et l'irresponsabilité qui ne peuvent conduire qu'aux crimes de guerre.
Je ne me permettrais jamais une telle affirmation si, au cours de visites récentes effectuées aux centres d'hébergement de Paul-Cazelles et de Beni-Messous, je n'avais reconnu sur certains assignés les traces profondes des sévices ou, des tortures qu'il y a quatorze ans je subissais personnellement dans les caves de la Gestapo de Nancy.
Or ces deux centres d'hébergement, installés, à sa demande, par l'autorité militaire d'Alger, sont essentiellement pourvus par elle.  (…)
Rien de tout cela, bien sûr, ne condamne l'armée française, non plus que la lutte impitoyable qui doit être menée par elle dans ce pays, et qui devait l'être à Alger plus spécialement contre la rébellion, l'assassinat, le terrorisme et leurs complices de tout ordre.
Mais tout cela condamne la confusion des pouvoirs et l'arbitraire qui en découle.

Paul Teigen, 24 mars 1957, lettre adressée à Robert Lacoste, ministre résidant en Algérie, publiée dans le Monde, le 1er octobre 1960.
 

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