"La pénétration coloniale opérée sur les peuples du Maghreb a entraîné morts et blessures. Au commencement, le mépris de l'Autre et l'ethnocide de l'intolérable différence. Dépossédés de leur identité, des hommes se sont vu déposséder aussi de leur terre. Il leur restait leur corps. Nu. Il fut mis à la disposition de la rentabilité. Il n'y avait de cadastre ni pour la mémoire ni pour la terre.
Aujourd'hui les pays du Maghreb disposent d'eux-même_pas tout à fait, puisque le déboisement humain de cette terre continue. Le grand capital continue de vider méthodiquement la terre de son sang le plus précieux : les hommes. La violence coloniale d'hier se perpétue aujourd'hui de manière encore plus pernicieuse, puisqu'aux exigences du besoin (chômage dans les pays d'origine) s'ajoute la coopération des bourgeoisies locales.
A ces hommes qu'on arrache à leur terre, à leur famille, à leur culture, on ne demande que leur force de travail. Le reste on ne veut pas le savoir. Le reste c'est beaucoup. Allez mesurer chez un homme le besoin d'être accepté, aimé, reconnu; le besoin de vivre dans la dignité, le besoin d'être avec les siens, dans l'amour de la terre, dans l'amitié du soleil. On ne veut pas savoir si ces corps désirent. On ne veut savoir, mais on les use et les charge de maux, sous la forme d'images terrifiantes: le racisme ordinaire donne des travailleurs immigrés l'image d'une violence sexuelle qui ne peut se satisfaire que dans la perversité, le viol et le crime. On a depuis longtemps fait croire que les Noirs et les Arabes sont porteurs d'une puissance sexuelle toute particulière. L'Européen les vit alors comme un défi lancé à sa propre virilité. La haine a trouvé là son chemin le plus sûr. Mais en même temps que la presse raciste entretient cette haine, elle dénie à ces hommes, venus d'une autre durée, le droit à l'affectivité et au désir. On transplante des hommes, on les sépare de la vie pour mieux leur extirper leur force de travail, mais on tente aussi d'annuler leur mémoire et d'entraver leur devenir en tant que sujets désirants.
A la blessure coloniale succède la haine, l'exclusion et l'exploitation à domicile."
1) Lisez attentivement le texte
2) Proposez un autre titre
3) Imaginez et rédigez une 4ème de couverture
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire